L’enlumineur Arménien Tserun

À la fin du XIVe et au début du XVe siècle, dans la petite ville de Vostan, dans la province de Vaspourakan, vivait et travaillait un représentant connu de la peinture miniature arménienne, l’artiste Tserun.

Document 5-9On sait que les manuscrits suivants ont été copiés et illustrés par lui: Livre de lamentation, Grigor Narekatsi (1390); Les quatre évangiles (1391); Homélies (1401); Les quatre évangiles du Mashtots Matenadaran (1412); Les quatre évangiles de l’Ermitage (1395).Document 5-1Son épouse, Arghun, l’a aidé à traiter le papier. Son fils, Thuma, a poursuivi l’œuvre de son père dans l’art des Écritures et de l’enluminure. Tserun a également mentionné son professeur «Gevork Vardapet qui m’a appris à peindre».Document 5-2

Les évangiles décorés par Tserun sont riches en peintures faisant référence au cycle évangélique. Ils reflètent évidemment les caractéristiques de l’iconographie des miniatures de Vaspourakan. L’artiste en particulier ajoute à ses peintures des scènes telles que l’extension du cycle des miracles du Christ, enrichissant la composition avec une teinte de genre et d’épisodes de la vie quotidienne de l’Ancien Testament qui confèrent à ces œuvres une signification et une valeur particulières.Document 5-8

Les caractéristiques stylistiques des peintures miniatures de Tserun sont particulièrement intéressantes. La structure équilatérale des compositions et la disposition proportionnelle et appropriée des figures («Iso-céphal») favorisent grandement l’achèvement et la beauté de la surface décorée de la page.Traits net et dessin souple, l’utilisation des méthodes du rythme linéaire, de la stylisation et de diverses transitions délicates ainsi que la précision de l’exécution, la diligence, la franchise du traitement rendent les figures de Tserun «intimes», les remplissant d’une chaleur compréhensive et communicative.Document 5-7

L’utilisation de la couleur est l’un des aspects les plus attrayants de la miniature de Tserun. Cela aide grandement à exprimer les pensées et les angoisses de l’auteur. La gamme de couleurs sonores (principalement le rouge, le bleu, le vert et le marron) couvrant l’ensemble des surfaces crée une impression émotionnelle. C’est aussi la préservation des traditions populaires dans l’art de la peinture. La structure graphique simplifiée, le cycle de scènes ininterrompu, les croquis uniformes et les notes explicatives qui les accompagnent, ainsi que les impressions décoratives témoignent du fait que cet art est étroitement lié aux notions de folklore.Document 5-6

Aucun des miniaturistes de Vaspourakan aux 14 et 15ème siècles n’a manifesté un intérêt aussi grand que celui de Tserun pour la représentation de personnages historiques et d’individus spécifiques. Certains de ses manuscrits incluent ses autoportraits ou ceux des donateurs. Parmi eux, les deux portraits du brillant poète médiéval Grigor Narekatsi méritent une attention particulière. Ces peintures donnent une impression de monumentalisme. Ils sont sévères et sages, bien que, dans leur nature spirituelle, ils expriment également une atmosphère réaliste, qui n’est pas étrangère à l’idéal du peintre.

JohanneDocument 5-5

 

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